Henry Lacoste est né à Tournai le 16 janvier 1885.
Il fait ses humanités gréco-latines à Tournai et après
une année de philosophie à Lille, il y conquiert son
baccalauréat en 1902. Toute sa vie durant, il devait
approfondir ce premier contact avec le monde grec et
romain.
Son père dirigeait un atelier ou l'on travaillait
le métal sous toutes ses formes: forge, serrurerie,
dinanderie, etc.… . Très jeune, il s'y découvre le goût
de traduire dans la matière l'expression de la pensée.
Il a la chance de voir ses premiers dessins exécutés
sous ses yeux dans l'atelier paternel. Mais très vite
le désir de maîtriser l'ensemble d'une œuvre, d'harmoniser
toutes les parties d'un édifice, tous les éléments de
sa décoration, et d'en faire une «composition» l'oriente
vers la carrière d'architecte.
En 1904, il entre à l'atelier d'Ernest Acker à l'Académie
Royale des Beaux-Arts de la ville de Bruxelles. Pendant
quatre ans, on peut le trouver tous les jours, après
les cours, jusqu'à l'heure de la fermeture à la Bibliothèque
de l'Académie ou il découvre et étudie inlassablement
tout ce que les architectes d'antan ont édifié avant
lui. Pour pouvoir y consacrer plus de temps il se loge
tout près de la rue du Midi, si bien qu'à la fin de
ses études on peut dire qu'il connaît mieux les trésors
de cette bibliothèque que ses maîtres eux-mêmes.
Il obtint son diplôme en 1908, mais son désir de
connaître n'était pas assouvi. Il part pour Paris ou
il s'inscrit à l'atelier G. Umbdenstoek, pour préparer
le concours d'admission à l' Ecole Nationale des Beaux-Arts.
Le concours réussi, il choisit comme «Patron» Henri
Deglane,
qui sera l'architecte du Grand Palais. Ses camarades
d'Ecole surent vite apprécier son habileté de dessinateur
et sa vaste érudition. En particulier, Louis Madeline,
qui préparait alors le Prix de Rome fut heureux de s'assurer
son concours, combien dévoué. Madeline fut Premier Grand
Prix de Rome et de cette collaboration devait naître
une de ces amitiés solides qui durent toute la vie entière.
Diplômé par le Gouvernement français en 1913, il
est chargé de mission aux fouilles entreprises en Grèce
par l'Institut de France. Il travaille à la reconstitution
des plans du Temple de Delphes sous la direction de
M.M. Fougères et Courby, à l'Ecole française d'Athènes.
La déclaration de guerre (1914-1918) le surprend
en Grèce. Le gouvernement français le rapatrie et il
participe à la défense de sa ville natale. Défense dérisoire,
vite balayée par l'envahisseur et il se retrouve bientôt
désarmé, en pays occupé. Il s'évade clandestinement
par la Hollande en avril 1915 pour rejoindre l'Armée
Belge en Angleterre ou il s'engage comme volontaire
de guerre.
Il est envoyé dans le secteur de l'Yser ou pendant
trois ans, il travaille à sauvegarder le patrimoine
du «Veurne Ambacht».
Avec ses confrères, feu Servais Mayné et Marcel Dhuicque,
il démonte et évacue vers l'arrière toutes les œuvres
d'art transportables qui se trouvent exposées dans la
zone de feu; pour les édifices menacés ils en font des
relevés qui constituent pour cette province, les premières
archives des Monuments historiques.
Il élève aussi plusieurs monuments funéraires en
pierre, en bois, en fer forgé, dans les cimetières des
Flandres, pour des combattants tombés au feu de l'ennemi.
Démobilisé en mai 1919, il reçoit, comme sergent,
la croix de guerre avec palme, ainsi que les distinctions
attribuées aux combattants volontaires, dont la Croix
civique de 1ère Classe 1914-1918.
Il retourne en Grèce, poursuivre sa mission interrompue
par la guerre. L'Institut de France publie en 1920 un
volume de dessins et de relevés de sa main: Fouilles
de Delphes- Tome II-La Terrasse du Temple (Ed.E. de
Boccard, 1, rue de Midi, Paris).
Le 7 mai 1921, il épouse à Tournai Claire Carbonnelle
et en août il repart achever sa mission.
A son retour en Belgique, il s'installe à Bruxelles.
En 1923 commence une longue carrière d'enseignement:
il est nommé professeur à l'Institut Supérieur d'Art
et d'Archéologie de Bruxelles.
En novembre 1926, succédant à Paul Saintenoy, on
lui confie la chaire de Professeur d'Histoire de l'architecture
à l'Académie des Beaux-Arts de la ville de Bruxelles.
Deux ans plus tard, il est nommé professeur de Composition
d'Architecture en remplacement du Maître Victor Horta
et en 1930 il devient Chef d'atelier et professeur de
Théorie de l'Architecture.
En 1930, il devient l'architecte des Fouilles Belges
d'Apamée de Syrie, sous la direction du professeur Fernand
Mayence. Il participera à 10 campagnes successives,
dont il dirigera les dernières.
En 1933, il installe au Musée du Cinquantenaire la
salle d'Apamée, avec la reproduction grandeur nature
d'une fraction du grand Portique de la rue Principale.
Cette salle a été détruite par un incendie peu après
la deuxième guerre mondiale. Au cours de ses campagnes,
il emmène avec lui plusieurs jeunes de l'Académie, leur
donnant l'occasion de voir au passage l'Egypte et la
Grèce qu'il avait étudiées avec eux.
En 1931, il fut l'architecte de la participation
belge à l'Exposition Coloniale de Vincennes et la même
année il dressait à Rome un grand trophée colonial belge.
A l'Exposition Universelle de 1935, à Bruxelles,
il fut chargé d'édifier le Commissariat Général, le
Pavillon de la Vie Catholique, les Galeries des Arts
décoratifs et plusieurs pavillons étrangers.
A l'Exposition de l'Eau, à Liège en 1939, il érigea
sur le bord de la Meuse le Pavillon du Congo.
De 1939 à 1942, il construisit les deux églises des
charbonnages de Zwartberg et Beeringen.
En 1948, il est élu membre Correspondant de l'Institut
de France.
De 1950 à 1952, il assure la Présidence de la Société
Centrale d'Architecture de Belgique.
C'est en 1950 que le concours généreux et enthousiaste
des élèves de l'Académie va lui permettre de réaliser
un rêve longtemps caressé: installer à Bruxelles un
exemplaire de la maquette du Plan de Rome de Paul Bigot.
Ce sont les élèves de l'Académie qui lui ont donné les
moyens de l'acquérir, qui ont assuré son transport et
son montage. Il réussira à donner un éclat tout particulier
à l'inauguration de la Salle de Rome au Musée du Cinquantenaire,
salle qui, dans sons esprit, ne devait être que l'embryon
d'une Salle d'Architecture et d'Urbanisme qui offrirait
aux jeunes architectes et aux chercheurs tant de documents
précieux; maquettes, plans, relevés, lavis qui disparaissent
avec leurs auteurs ou restent inaccessibles.
En 1954, il est promu Directeur de l'Académie des
Beaux-Arts de Bruxelles, charge qu'il assura jusqu'en
1957. IL fut l'artisan de la remise en valeur du cloître
de l'école, qui permit désormais d'exposer dignement
les travaux des élèves.
En 1955, il est élu Membre de l'Académie de Belgique,
classe des Beaux-Arts. Il est également Membre de l'Académie
d'Architecture de France. Membre correspondant de la
Commission Royale des Monuments et des Sites depuis
plusieurs années, il en est nommé membre effectif en
1958.
Ses rapports et ses communications à la Commission
contiennent des études sur de nombreux monuments de
Bruxelles ou du Brabant.
Tout au long de sa carrière, il participa à de nombreuses
études d'Urbanisme, notamment pour le tracé de la jonction
Nord-Midi à Bruxelles, et pour la reconstruction après
la guerre 40-45 des villes de Tournai et Namur.
Henri Lacoste est décédé à Bruxelles le 28 avril
1968.
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